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Chapitre 3

Émotions, peurs et relations

Gérer sa santé émotionnelle

Décompressez ce sujet

Parfois, il vaut mieux traverser les choses au lieu de les contourner. Auteur inconnu

« Vous faire dire que vous avez le cancer est un événement majeur dans votre vie. Les pensées et les sentiments que vous avez ne sont pas aussi importants que ce que vous en faites*. »

La plupart des personnes ressentent un ensemble d’émotions et de réactions complexes lors de la fin de leur traitement. Bien qu’elles puissent être soulagées et heureuses que le traitement soit terminé, elles peuvent également ressentir de la tristesse, de la colère ou de l’anxiété face à l’avenir. L’approche et la façon d’affronter leurs défis influenceront leurs émotions et le niveau de détresse qu’elles pourraient ressentir à ce moment. La « détresse » est un terme utilisé pour décrire les émotions désagréables qui peuvent surgir lors de moments difficiles et qui peuvent nuire à la capacité d’adaptation. Bien qu’un certain niveau d’angoisse soit normal lorsqu’on reçoit un diagnostic de cancer et qu’on doit recevoir des traitements, il est aussi important d’être en mesure de le comprendre, de trouver des manières de le surmonter, et d’obtenir de l’aide si cela semble insurmontable. Lorsque les personnes essaient de nier ou de réprimer leur détresse émotionnelle, elles pourraient se rendre compte que leurs émotions deviennent plus fortes et plus difficiles à gérer.

Il n’y a pas de mauvaise façon de réagir lorsque vous ressentez de la détresse émotionnelle. L’expérience du diagnostic et du traitement est personnelle et les émotions et les réactions qui surviennent avec cette expérience peuvent varier largement d’une personne à une autre. Les émotions et les réactions désagréables courantes comprennent :

  • la tristesse
  • les sentiments dépressifs
  • l’anxiété
  • la colère
  • la peur
  • la solitude
  • la diminution du désir sexuel
  • les larmes
  • la confusion
  • le sentiment de perte de contrôle
  • les pensées irrationnelles (des pensées qui ne semblent faire aucun sens)
  • les problèmes de sommeil
  • la difficulté à se concentrer
  • la panique.

« Les émotions désagréables ne sont pas le problème; elles sont le signal d’un problème ou la réponse de votre corps à un problème*. »

Il n’est pas malsain de ressentir des émotions fortes, à moins qu’elles n’entravent le rétablissement et votre capacité à aller de l’avant. Par exemple, la détresse émotionnelle non résolue – la détresse émotionnelle qui n’est pas réglée – peut empêcher une personne de manger et de bien dormir. Ne pas traiter la détresse émotionnelle peut entraver des discussions honnêtes avec l’équipe de soins au sujet du rétablissement ou rendre les relations avec les proches difficiles. Les sentiments de détresse peuvent nuire à la capacité d’une personne de composer avec la vie quotidienne.

La façon dont les gens donnent libre cours à leurs émotions leur est unique tout comme leurs émotions. Il est important durant ce temps de simplement reconnaître vos sentiments sans porter de jugement. Parler avec des personnes que vous connaissez et en qui vous avez confiance, avec un groupe d’entraide, ou sur une base individuelle avec une personne ayant vécu une expérience similaire, peut aider. Certaines personnes trouvent utile d’écrire leurs pensées dans un journal. Si vos émotions deviennent trop difficiles à gérer, la consultation professionnelle peut être la meilleure façon de faire face à la situation. Consultez le Chapitre 3 : Émotions, peurs et relations / Section 7 : La guérison avec le temps et le soutien pour les groupes d’entraide et les services.

Il est courant d’entendre décrire la vie après le traitement contre le cancer comme une « adaptation » à une « nouvelle normalité ». Les autres s’attendent souvent aussi à ce que la personne en rétablissement soit capable de « reprendre la vie normale ». Cela peut représenter un défi, et quelquefois être impossible, de comprendre tout ça. Les gens perçoivent souvent les choses différemment – parfois à propos de tout – après avoir vécu l’expérience du cancer. « Reprendre la vie normale » physiquement et émotionnellement peut sembler loin. Le rétablissement peut être un moment pour explorer ces changements et ces sentiments, et en apprendre davantage sur la personne que vous êtes maintenant. Reconnaître l’expérience du cancer et penser à la manière dont il a apporté de nouveaux sentiments, de nouvelles idées, perspectives et priorités à propos de la vie peuvent vous donner un sentiment de puissance. Certaines personnes peuvent également trouver que leurs relations antérieures avec leurs partenaires, les membres de la famille, les amis et les collègues ont peut-être besoin d’être adaptées ou clarifiées.

Ce chapitre explorera les émotions et les réactions les plus courantes vécues par les personnes qui ont complété leur traitement contre le cancer. Il offrira aussi quelques idées pour regarder de plus près les relations – avec soi et avec les autres. Peu importe ce que vous ressentez maintenant, sachez que d’autres ont ressenti la même chose – et qu’il est possible de faire face à ces émotions et de regagner un sentiment d’équilibre et de contrôle de votre vie.

* Traduit de l’anglais : Harpham, Wendy S. Diagnosis, cancer: your guide to the first months of healthy survivorship. New York. W.W. Norton & Co, 2003, p. 163.

Section 1

Les sentiments de tristesse, de solitude et de dépression

La tristesse

Le rétablissement est une période de transition. Il est normal de ressentir de la tristesse de façon intermittente durant ce temps. Pour les personnes qui ont reçu des traitements, la plus profonde tristesse apparait souvent lorsque l’activité intense des rendez-vous médicaux et des sessions de traitement se terminent. Avec la tristesse peuvent également se manifester des sentiments d’abandon (le sentiment qu’on vous a laissé tout seul) et de solitude (consultez le sujet qui suit, intitulé « La solitude et l’isolement »). Bien que la tristesse puisse être déclenchée de bien des façons dans la vie d’une personne, les raisons de son apparition à l'heure actuelle peuvent habituellement être liées au sentiment de perte – de la personne que vous étiez avant la maladie, des espoirs et des attentes, et la présomption d’immortalité que ressentent souvent les êtres humains.

Reconnaître votre sentiment de tristesse peut représenter un pas vers le rétablissement. Garder la tristesse emprisonnée en soi nécessite beaucoup d’énergie qui pourrait être mieux utilisée dans le processus de guérison. Exprimer et partager votre tristesse avec les personnes qui comprennent ce que vous vivez peut s’avérer très fructueux, que ce soit avec des amis proches ou des membres de la famille, ou peut-être avec des personnes qui ont vécu une expérience similaire.

Les groupes d’entraide après le traitement peuvent jouer un rôle important quand vous faites face à la tristesse et à des difficultés d’adaptation dans votre nouvelle vie. Ces groupes offrent l’occasion, dans un espace sécurisant, de partager vos histoires et vos expériences avec d’autres personnes qui ont vécu une expérience similaire. Les personnes peuvent partager des stratégies d’adaptation et parler des aspects du rétablissement qu’ils trouvent difficiles. Rosana Faria, psychologue

En fait, je me sens encore plus heureux maintenant. Je prends conscience de la valeur de chaque minute. Mais juste après le traitement, j’ai senti que la tristesse disait ‘ce gars, ce Michael, est parti’. Michael se rétablit d’un lymphome de Hodgkin, 39 ans

La solitude et l’isolement

Plusieurs personnes ressentent de la solitude et de l’isolement après le traitement et pendant leur rétablissement. La fin de leur interaction constante avec leur équipe de soins est une des raisons courantes pour laquelle les personnes se sentent seules lorsque le traitement est terminé. L’interruption de ce lien et de ce soutien peut être très difficile pour plusieurs patients.

Les patients vivent de la solitude et de l’isolement pendant leur rétablissement parce qu’elles ont l’impression que les autres « ne comprennent pas ». Elles estiment que personne ne peut comprendre ce par quoi elles sont passées ou ce qu’elles continuent de vivre. La douleur, la confusion et la peur ne disparaissent pas toujours pendant la convalescence. La peur de la récidive en particulier peut vous faire sentir seul et à l’écart des autres. Ces sentiments n’étant pas faciles à décrire, les communiquer peut être aussi très difficile. De plus, si vous en êtes encore à l’étape de mettre de l’ordre et de définir ces sentiments, il serait difficile d’aider une autre personne à les comprendre.

Vous pouvez vous sentir différent et à part de votre entourage à cause des changements de votre corps. Vous pouvez ressentir une sorte de solitude parce que vous ne vous sentez pas prêt à affronter le monde extérieur dans votre nouveau corps. À cause de cela, il est possible que vous évitiez les activités sociales et le retour au travail et que vous vous sentiez isolé et seul.

Vous pouvez également vous sentir seul même si vous êtes entouré du soutien de votre famille et de vos amis. Tout le monde peut sembler poursuivre leur vie et vous laisser seul. Il est possible que les gens ne vous appellent ou ne vous visitent pas aussi souvent maintenant que le traitement est terminé ou qu’ils ne veulent plus vraiment entendre parler de votre maladie, ou encore qu’ils soient mal à l’aise ou qu’ils ne veulent pas vous perturber. Ou il est possible que vous ne parliez pas de votre expérience du cancer parce que vous ne voulez pas inquiéter votre famille et vos amis ou être un fardeau pour eux.

Le sentiment de solitude est aussi souvent associé aux sentiments de tristesse et de perte. Vous pourriez avoir besoin de temps pour faire le deuil de votre vie antérieure au cancer et de la personne que vous étiez à ce moment-là, et ceci vous cause à ressentir de l’isolement. Il s’agit d’une étape normale de la guérison lors du rétablissement.

Lorsque j’ai terminé mes traitements à l’hôpital, tout le monde voulait célébrer. Ils voulaient « sonner la cloche » et me féliciter d’avoir « vaincu le cancer ». Seulement pour moi, il n’y avait rien à célébrer. Je venais de passer au travers d’un traumatisme grave, mon corps était « différent », et bien que j’aie été reconnaissant envers mon équipe de soins et toutes les personnes qui étaient là pour moi, j’avais besoin de plus de temps pour surmonter ce qui s’était passé et qui continuait de se passer. Il était tellement difficile d’essayer même de sourire. Je voulais me joindre à leur joie, mais je n’étais pas prêt pour ça. Je me suis alors senti très seul. Dan se rétablit d’un cancer du côlon, 55 ans

Bien qu’il soit difficile de parler des émotions complexes, exprimer vos sentiments est une façon de vous aider à accepter ce qui se passe et d’aller de l’avant. Vous pourriez choisir un ami intime ou un membre de votre famille pour partager vos pensées, ou vous pourriez préférer un groupe d’entraide où vous pouvez discuter de vos sentiments avec des personnes qui ont vécu des expériences similaires. Vous pouvez aussi demander à votre équipe de soins de vous référer à un conseiller professionnel, comme un psychologue, si vous croyez que ce serait préférable pour vous.

La dépression

Les patients en convalescence peuvent croire qu’ils doivent être forts et braves, surtout si leur entourage croit que le pire est passé et qu’il est temps d’aller de l’avant. Mais il n’est pas rare pour les personnes qui ont eu un diagnostic et des traitements de ressentir des symptômes de dépression à un certain moment de leur expérience du cancer, y compris lors du rétablissement.

Il y aura probablement des bonnes et de mauvaises journées pendant le processus de rétablissement après le traitement contre le cancer; tout le monde a « les bleus » ou ressent de la tristesse à certains moments. Mais si la tristesse ne disparait pas, et si elle est combinée avec d’autres sentiments comme le découragement, l’inutilité et le manque d’intérêt pour faire des choses, accompagnés de symptômes physiques comme des troubles du sommeil, le manque d’appétit et une perte de concentration, il peut s’agir d’un signe de dépression. Plus ces sentiments ou ces symptômes sont intenses, plus ils se prolongent, plus il est probable que cette personne fait face à la dépression. Il est aussi important de noter que certains médicaments peuvent causer la dépression. Parlez-en avec votre médecin afin d’obtenir de plus amples renseignements ou si cela vous inquiète de ressentir des symptômes de dépression.

Une personne dépressive peut avoir de la difficulté à affronter sa journée et ses activités normales ainsi qu’à apprécier les bonnes choses de sa vie. Cependant, les personnes dépressives peuvent se rétablir avec le temps et de l’aide. La dépression est un problème médical comme toute autre condition ou maladie. Vous devriez discuter de ses symptômes avec un professionnel de la santé comme tout autre symptôme physique qui vous inquiète. Une fois que la dépression est diagnostiquée, on peut prendre les moyens pour la traiter.

La dépression peut toucher n’importe qui à n’importe quel moment dans la vie, même si la personne a toujours été capable de faire face aux situations difficiles dans le passé. Discuter de ces symptômes avec un professionnel aidera à déterminer ce qui les a déclenchés et la meilleure façon de les traiter.

Pourquoi est-ce important de diagnostiquer la dépression ?

  • C’est une condition médicale qui peut être traitée.
  • Elle peut affecter votre vie d’une manière négative.
  • Elle peut vous empêcher d’apprécier la vie.
  • Elle peut rendre difficiles les prises de décision au sujet du rétablissement – par exemple, les changements au niveau de l’alimentation ou de l’activité physique.
  • Elle peut nuire à vos relations avec les personnes dont vous vous souciez et qui se soucient de vous.

Je pleurais souvent après mes traitements. Moi qui pensais être superwoman. J’ai fait une petite dépression. J’ai passé environ deux semaines à pleurer sans arrêt. Ma fille aînée m’appelait et me disait : ‘Maman, il y a quelque chose qui ne va pas’. Je ne réalisais même pas l’état dans lequel j’étais. Alors j’ai pris contact avec le psychologue qui m’avait aidé au centre de cancérologie. Ça m’a donné tellement de courage, et maintenant je suis des cours de Qi Kong et de méditation avec un groupe d’entraide. Je me sens chez-moi là-bas dans un sens, parce que vous ne racontez pas votre histoire, personne ne pose de questions. Il y a beaucoup de respect, mais aussi beaucoup d’unité. On sent tous que l’on a traversé quelque chose. Sylvie s’est rétablie, 64 ans

Section 2

Le sentiment de colère

La source de la colère

La colère est une émotion courante chez les personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer. Il est normal qu’elle apparaisse à n’importe quel moment de l’expérience du cancer, y compris la convalescence. La colère peut se manifester de plusieurs façons, comme la frustration, les pleurs ou les cris.

Il existe plusieurs raisons pour qu’une personne ressente de la colère. Par exemple, la colère masque d’autres émotions comme la tristesse, le découragement ou la peur. Parfois, il est difficile de savoir quoi faire avec le sentiment de colère. En réalité, quelquefois vous ne réalisez même pas que vous êtes en colère. Vous pouvez trouver que vous devenez facilement irritable, frustré ou contrarié avec vous-même, les membres de votre équipe de soins ou le système médical, parfois même avec les personnes que vous aimez.

Le sentiment de colère n’est pas une mauvaise émotion en tant que telle. Il existe certainement une place pour exprimer la colère lors de l’expérience de cancer. Cependant, ce qui est important c’est ce que vous faites de votre colère. Si vous essayez de l’ignorer ou de la repousser, ou que vous croyez que vous n’avez pas le droit d’être en colère, ceci peut mener à la peur de perdre le contrôle. Ou parfois, la colère peut ressembler à une lutte acharnée contre la rage et repousser les gens ainsi que le soutien. Si la colère gagne, elle peut se retourner contre la personne qui est en colère et peut éventuellement mener à la dépression.

Il peut être utile d’explorer le sentiment de colère et ce qu’il représente, et encore plus, de déterminer ce que vous désirez en faire.

Surmonter la colère

Il est important de comprendre la différence entre exprimer la colère et agir sur des sentiments de colère. Par exemple, exprimer de la colère peut être une discussion sur ce que vous ressentez avec une personne dans un environnement calme. Agir sur des sentiments de colère pourrait signifier de crier après une personne pour aucune raison claire.

Peu importe la cause de la colère, et peu importe les réactions qui en résultent, il est utile d’exprimer les sentiments de manière judicieuse et sécuritaire. Parler des raisons pour lesquelles vous êtes en colère avec une personne peut souvent vous aider. Cette personne pourrait être un ami en qui vous avez confiance, un membre de la famille ou un professionnel. Tenir un journal de vos sentiments et de vos pensées peut aussi être utile. Parfois, il peut être très intéressant de diriger vos émotions dans une activité que vous appréciez, comme l’exercice ou un passetemps, pour vous aider à laisser aller les émotions difficiles comme la colère.

Lorsque la colère a été identifiée et exprimée, ce à quoi elle ressemble, comment vous la voyez et comment elle vous affecte sont tous des aspects qui peuvent être modifiés. Vous avez besoin de comprendre la colère et d’un certain niveau d’acceptation de cette une réalité émotionnelle afin d’y faire face avec succès.

La colère peut être parfois une émotion difficile à gérer, mais il est important de la voir comme une émotion normale. Ce n’est pas la colère qui est mauvaise, c’est ce que vous allez en faire qui compte. Il est important de prendre le temps d’explorer ou de comprendre ce que les sentiments de colère peuvent vouloir dire. La colère représente ou masque souvent d’autres émotions comme la peur ou la tristesse. Ne fuyez pas face à ces sentiments de colère, par exemple en gardant le tout en vous. Prenez simplement le temps de comprendre ce que cette colère signifie. Dr. Marc Hamel, psychologue

Les thérapies complémentaires peuvent aussi être une façon utile de surmonter les émotions puisqu’elles se concentrent sur le bien-être global. Les thérapies complémentaires comprennent la thérapie par l’art, la méditation et l’aromathérapie pour n’en nommer que quelques-unes. Pour de plus amples renseignements sur les thérapies complémentaires et la façon dont elles peuvent vous aider, veuillez consulter le livret de la Société canadienne du cancer, « Thérapies complémentaires » en cliquant sur le lien www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/diagnosis-and-treatment/complementary-therapies/?region=qc. Vous trouverez les ressources communautaires pour les thérapies complémentaires au Chapitre 2 : À quoi s’attendre après le traitement / Section 7 : Les programmes pour vous aider à aller de l’avant.

Conseils pratiques

La meilleure façon de faire face à la colère est de l’identifier et de trouver une manière saine de l’exprimer. Tenez compte des conseils suivants lorsque vous ressentez de la colère*. (t.l.)

  • Reconnaissez votre colère. Parfois, les gens agissent sous l’effet de la colère avant de réaliser qu’ils luttent avec cette émotion.
  • Évitez d’évacuer votre colère sur les autres. Dirigez votre colère vers la cause des sentiments plutôt que sur les autres personnes.
  • Ne laissez pas la colère masquer vos autres sentiments. Parfois, les gens utilisent la colère pour masquer des sentiments douloureux qui sont difficiles ou gênants à exprimer comme la tristesse et le découragement.
  • N’attendez pas que la colère s’accumule. Exprimez vos sentiments dès que vous les reconnaissez. Si vous les réprimez, vous serez plus susceptibles d’exprimer votre colère d’une façon malsaine.
  • Trouvez une manière sécuritaire d’exprimer votre colère. Vous pouvez exprimer et laisser aller votre colère de plusieurs façons, y compris :

    • Discuter des raisons de votre colère avec un ami en qui vous avez confiance, un membre de la famille ou un professionnel.
    • Faire une activité physique.
    • Crier dans une auto ou une chambre individuelle, même si vous finissez par pleurer.
    • Explorer les thérapies comme le massage, les techniques de relaxation, la musique ou la thérapie par l’art.

* Source : Cancer.Net. “Coping with Anger”. Alexandria, VA, Jan 2016. American Society of Clinical Oncology. Web. Accessed June 6, 2016. www.cancer.net/coping-with-cancer/managing-emotions/coping-with-anger.

Section 3

Le sentiment d’anxiété

L’anxiété est la réponse naturelle du corps face au danger et elle est connectée à notre instinct de survie. Elle a assuré la sécurité des humains depuis des milliers d’années !

Tout comme la colère, l’anxiété se manifeste de plusieurs manières différentes, comme l’inquiétude, le malaise, la peur, l’incertitude et la suspicion. Ces sentiments nous révèlent que nous sommes menacés d’une façon quelconque. Ils sont comme une alarme qui se déclenche dans les moments de stress, lorsque nous ressentons de la pression ou lorsque les situations sont (ou semblent) risquées ou dangereuses.

L’anxiété n’est pas nécessairement une mauvaise chose. Elle peut nous encourager et nous motiver à trouver des réponses à nos questions et nos inquiétudes. Elle devient un problème lorsque nous ne trouvons pas de solution et qu’elle finit par perturber notre convalescence et notre vie quotidienne.

Durant le rétablissement, il est très courant de ressentir des sentiments d’anxiété au sujet de ce qui est à venir. Que ces sentiments soient réalistes ou non (qu’ils puissent se produire ou non) n’a pas d’importance. Ce sont de véritables préoccupations pour la personne qui les ressent. Ce qui est important à ce moment est d’être conscient de ce qui cause l’anxiété et de trouver une façon de la gérer. Que ce soit d’en parler avec une personne en qui vous avez confiance, comme un membre de la famille, un ami ou un professionnel, afin de trouver des façons de vous aider à vous détendre et à bien dormir. Il est aussi important de vous présenter à vos rendez-vous de suivi et de rester informé de ce qui se passe au niveau de votre santé. Soyez toujours à l’écoute de votre corps.

Le manque de sommeil, les médicaments (comme les stéroïdes) ou les conditions médicales (comme un problème de thyroïde) peuvent aussi causer de plus hauts niveaux d’anxiété. Si vous êtes inquiet à propos de ces causes possibles d’anxiété, vous devriez en parler avec votre équipe de soins.

Une des inquiétudes les plus courantes après le traitement est la récidive du cancer. Cette inquiétude est plus fréquente au cours de la première année de rétablissement et peut se résorber avec le temps. La section 5 de ce chapitre présente franchement la peur de la récidive, une forme d’anxiété qui est propre à l’expérience du cancer. En sachant ce qu’est cette peur, comment elle peut affecter votre esprit et en apprenant à mettre en pratique les conseils et les stratégies pour remettre cette peur à sa place, peuvent favoriser le processus de rétablissement après le traitement.

Section 4

Les préoccupations liées à l’image corporelle

L’image corporelle est un regroupement d’idées sur ce que vous pensez et ce que vous croyez à propos de votre corps. Ceci comprend :

  • Comment vous voyez votre corps et comment vous percevez votre apparence.
  • Comment vous vous sentez face à votre apparence, ou ce que vous en pensez.
  • Comment croyez-vous que votre corps réagit, ou qu’il devrait réagir.
  • Comment croyez-vous que les autres voient votre corps. Ceci peut être différent de la façon dont vous vous percevez.

L’image corporelle est aussi intimement liée à l’estime de soi, autrement dit comment vous vous sentez en tant que personne en général. Tout changement dans votre apparence ou le fonctionnement de votre corps peut avoir un effet sur la perception que vous avez de votre corps et peut aussi nuire à votre estime et votre confiance en soi.

Le cancer et les changements corporels

Le cancer et ses traitements sont la cause de plusieurs changements dans le corps et peuvent influencer son apparence, ses sensations et son fonctionnement. Selon le type de cancer et le traitement, les changements peuvent être temporaires pour de courte ou longue durée, ou permanents. Plusieurs changements, comme la perte des cheveux ou la perte d’une partie de son corps sont visibles et, peut-être, sont facilement perçus comme la cause des préoccupations liées à l’image corporelle. Mais il existe aussi plusieurs changements moins apparents, et même invisibles, qui peuvent influencer vos pensées et vos sentiments au sujet de votre corps.

Voici une liste des changements courants du corps liés au cancer :

  • la perte des cheveux – aussi la repousse de cheveux de couleur différente ou d’une autre texture;
  • la perte d’une partie du corps, comme les seins, un organe ou un membre;
  • le besoin d’une stomie;
  • les cicatrices dues à une intervention chirurgicale;
  • les changements cutanés, comme les rougeurs, la démangeaison ou la sensibilité;
  • la perte ou le gain de poids;
  • la neuropathie périphérique – habituellement un engourdissement ou des picotements dans les mains ou les pieds causés par une détérioration nerveuse occasionnée par la chimiothérapie;
  • le lymphœdème – œdème sur une partie du corps, comme un bras ou une jambe;
  • la ménopause précoce;
  • la perte de la fertilité (incapacité à procréer);
  • la perte de libido ou les rapports sexuels difficiles;
  • la difficulté à avaler ou à manger;
  • l’épuisement – la fatigue constante;
  • les problèmes de mémoire ou de concentration;
  • les problèmes d’équilibre ou de coordination;
  • les problèmes de langage ou de respiration;
  • les changements au niveau du fonctionnement des intestins ou de la vessie;
  • la faiblesse musculaire.

Comment ces changements impactent l’image corporelle

Les préoccupations liées à l’image corporelle sont un problème courant chez les patients en rétablissement à la suite d’un cancer. Tous les patients atteints de cancer, peu importe le type ou le stade du cancer ou du traitement, doivent s’adapter à leur image corporelle, même si le traitement s’est bien déroulé ou si les effets secondaires furent minimes. Vous pourriez penser à votre corps ou vous sentir d’une manière différente même si ces changements ne sont pas visibles pour les autres ou qu’ils ne soient pas permanents.

Il est possible que vous ne soyez pas à l’aise dans votre corps ou que vous vous sentiez déconnecté de celui-ci et que vous ayez l’impression que vous n’êtes plus vous-même. Votre apparence actuelle ne vous plait peut-être pas. Les changements que vous avez vécus vous font penser que vous êtes moins attirante ou attirant, moins féminine ou moins masculin. Les effets secondaires comme l’épuisement ou les problèmes de concentration peuvent vous faire voir votre corps comme plus vulnérable et moins fort. Vous pouvez croire que vous ne pouvez plus vous fier à votre corps ou que celui-ci vous a trahi. Ces pensées et ces sentiments peuvent nuire à votre image corporelle et au sentiment de qui vous êtes.

D’autres changements peuvent affecter votre identité ou la personne que vous êtes – ils font partie de l’image corporelle – et comprennent les changements de vos valeurs et de vos priorités, de votre sentiment de ce qui est important. Par exemple, les changements de point de vue face à votre travail ou vos relations peuvent représenter un « virage » dans la façon de vous percevoir, et ces sentiments font partie de votre identité.

Tout changement à votre corps peut être difficile à accepter, s’adapter à une stomie ou un implant mammaire peut être un défi.

Impact sur votre vie

Tout changement à votre corps peut être difficile à accepter, ainsi que certains changements, comme une stomie ou un implant mammaire peuvent être difficiles à s’adapter. Il est normal de ressentir de la tristesse, de la colère, de l’anxiété ou d’avoir de la peine – ou toutes ces émotions – à cause des changements à votre corps occasionnés par le cancer. Un appareil comme une stomie ou un changement aux seins prend du temps à s’intégrer à votre identité et votre corps.

Les sentiments et les pensées négatifs liés à votre corps peuvent également avoir un effet sur votre identité – la personne que vous étiez avant le cancer – votre confiance et votre estime de soi. La façon dont vous ressentez les changements à votre corps peut également influencer vos interactions avec les autres, même si ceux-ci sont invisibles.

Plusieurs patients en rétablissement désirent retourner aussi rapidement que possible à un certain niveau de vie normale et à une façon normale d’entrevoir la vie. Les changements physiques peuvent être un rappel constant de ce qu’ils ont vécu. Vous pourriez vous inquiéter de la perte d’une vie normale à jamais, que les effets secondaires comme l’épuisement vous empêcheront de faire les activités que vous aimiez faire avant le cancer, ou les problèmes de mémoire et de concentration rendront le retour au travail à temps plein difficile.

Votre vie sexuelle peut aussi être affectée par vos changements physiques et vos préoccupations à propos de votre image corporelle, ce qui est une source de grande détresse pour plusieurs patients en rétablissement. Certains changements peuvent également avoir un impact sur votre vie sexuelle, mais la façon dont vous percevez votre corps peut également être un obstacle à participer à toute intimité ou même à démontrer votre affection. Ceci peut représenter un défi pour les personnes qui ont un conjoint ainsi que celles qui désireraient avoir une relation dans le futur. La patience et la communication sont des outils importants pour poursuivre votre vie sexuelle après le cancer. Pour de plus amples renseignements sur ce sujet, veuillez consulter le Chapitre 2 : À quoi s’attendre après le traitement / Section 2 : Quels sont les effets secondaires possibles ? / Titre : Les changements liés à la sexualité et à l’intimité.

Les pensées négatives, les sentiments ou les émotions à propos votre corps peuvent être déconcertants et difficiles à analyser, et ils peuvent compliquer votre rétablissement. Il est aussi nécessaire de faire le deuil des changements qui ont eu lieu puisqu’il y a un élément de « perte » associé à ceux-ci. Cependant, vous pouvez expérimenter plusieurs stratégies pour améliorer votre image corporelle et aller de l’avant avec confiance vers une « nouvelle normalité » (consultez « Les stratégies pour améliorer votre image corporelle » ci-dessous).

Faire face au monde extérieur

Si votre corps a subi des changements qui sont visibles, vous pourriez être confronté à un autre défi, celui des réactions et des commentaires des autres, qu’ils soient positifs ou négatifs, y compris quelquefois provenant de personnes que vous ne connaissez pas. Cela peut être particulièrement difficile si vous en êtes encore au stade de composer avec ces changements.

Ce serait probablement une bonne idée de penser à l’avance à ce que vous aimeriez répondre aux commentaires ou aux réactions au sujet de votre apparence. Si une personne vous pose des questions, n’hésitez pas à mentionner que vous préférez ne pas en parler, même s’il s’agit d’un ami qui essaie seulement d’être gentil. Ceci peut vous aider à vous sentir plus en contrôle de la situation et vous occasionner moins de stress à propos de votre retour parmi le monde. Pour de plus amples renseignements sur la façon de gérer les réactions et les commentaires, veuillez consulter : www.macmillan.org.uk/cancer-information-and-support/impacts-of-cancer/changes-to-your-appearance-and-body-image/managing-reactions-to-changes-in-appearance.

Vous pourriez également penser à des façons de prendre en main ou gérer les changements visibles de votre corps, si c’est important pour vous. Vous pourriez explorer de nouveaux styles de vêtements ou de maillots de bain, de coiffures ou même un tout nouveau style si cela peut vous permettre d’être plus à l’aise et en contrôle.

Gérer les situations au travail

Vos sentiments à propos des changements à votre corps peuvent avoir un impact sur votre aisance au travail et vos interactions avec vos collègues. C’est un autre élément pour lequel vous pourriez avoir besoin de temps pour vous adapter. Souvenez-vous que vous n’avez pas à discuter de quoi que ce soit au sujet de votre expérience du cancer avec vos collègues ou votre employeur. Si les commentaires ou le traitement subi à votre lieu de travail vous embarrassent, n’hésitez pas à en parler avec votre employeur ou le Service des ressources humaines. Pour de plus amples renseignements sur vos droits au travail, consultez le Chapitre 5 : Retour au travail.

Des signes que vous avez besoin d’aide à vous adapter

L’adaptation aux changements de votre corps causés par le cancer peut prendre du temps; ceci est tout à fait normal. Vous pouvez aussi essayer plusieurs stratégies d’autosoins et de services de soutien afin de vous aider à vous adapter et à accepter votre « nouvelle normalité » (consultez « Stratégies pour améliorer mon image corporelle » et « Ressources » ci-dessous). Mais si vous trouvez que cela prend trop de temps ou que vous luttez tellement avec vos sentiments que cela perturbe votre qualité de vie, il pourrait vous être profitable de parler avec un professionnel pour vous aider à démêler et à comprendre vos sentiments et faire face à ces changements. Parlez de vos préoccupations avec votre équipe de soins. Elle vous recommandera à un psychologue, le cas échéant.

Voici certains indices indiquant que vous pourriez avoir besoin d’aide :

  • Votre apparence vous embarrasse.
  • Vous ne voulez pas sortir de la maison parce que vous ne voulez pas que les gens vous voient.
  • Vous ne voulez pas rencontrer de nouvelles personnes ou avoir des rendez-vous galants.
  • Vous ne voulez pas vous déshabiller devant votre conjoint.
  • Vous évitez l’intimité ou les relations sexuelles à cause de ce que vous ressentez à propos de votre corps.
  • Vous évitez de retourner au travail parce que vous êtes préoccupé par ce que les gens diront ou penseront.
  • Vous ne vous regardez pas dans les miroirs.
  • Vous avez honte d’avoir le cancer.
  • Vous êtes incapable de vous accepter tel que vous êtes maintenant.

Stratégies pour améliorer l’image corporelle

Il existe plusieurs stratégies d’autosoins que vous pouvez essayer pour vous aider à accepter les changements à votre apparence et aller de l’avant.

  • Accordez-vous du temps. Accordez-vous du temps pendant votre rétablissement de votre expérience de cancer pour faire le deuil des changements de votre corps, du temps pour guérir, du temps pour vous adapter et pour y faire face. Il n’y a pas de limite de temps – certains changements peuvent nécessiter plus de temps pour accepter et s’adapter et certaines personnes peuvent avoir besoin de plus de temps pour s’adapter aux changements auxquels leur corps a enduré. Chaque personne vit sa propre expérience. Ne soyez pas frustré si une journée vous vous sentez bien dans votre corps, mais que le jour suivant vous êtes moins positif. Cela fait partie du processus d’adaptation aux changements. Soyez patient à mesure que vous trouvez vos repères.
  • Identifiez des aspects de votre corps que vous aimez. Dressez une liste des aspects de votre corps que vous aimez ou avec lesquels vous êtes à l’aise, comme votre sourire, la couleur de vos yeux ou la forme de vos mains. Essayez d’identifier et d’apprécier toutes les façons dont votre corps vous soutient dans vos activités quotidiennes, toutes les activités qu’il vous permet d’accomplir, sans comparaison avec la vie avant votre traitement.
  • Souvenez-vous que votre corps n’est qu’une partie de vous. Prenez du recul et essayez de voir votre corps comme étant seulement une partie de vous. Si vous vous concentrez seulement sur les changements de votre corps ou à quoi il ressemble à l'heure actuelle, il est facile d’oublier tous les autres aspects qui font de vous la personne que vous êtes. Pensez aux aspects de votre identité qui n’ont pas changé, comme vos forces et vos talents, ce que vous avez accompli, ce qui vous emballe, les personnes, les endroits ou les activités qui vous rendent heureux.
  • Prenez soin de votre corps. Soignez-le – mangez bien, dormez bien et soyez aussi actif que possible. Ces éléments de base d’une bonne santé peuvent renforcer votre corps et votre esprit, et faciliter l’adaptation aux changements. (Pour de l’information au sujet d’un mode de vie saine, consultez le Chapitre 4 : Se rétablir physiquement Prenez le temps de faire des choses agréables pour votre corps. Explorez les activités qui vous aident à vous détendre ou qui contribuent à vous sentir bien dans votre corps. Il pourrait s’agir d’exercices, de prendre un bain prolongé ou d’avoir un massage, une coupe de cheveux ou une manucure. Vous pourriez aussi développer une nouvelle habileté physique comme le yoga pour vous aider à regagner la confiance en votre corps. Rencontrez des amis qui vous font rire. L’utilisation de moyens positifs pour être à l’aise dans votre corps pourrait contribuer à améliorer ce que vous ressentez à son sujet.
  • Soyez compatissant envers vous-même. Soyez indulgent envers vous-même. C’est particulièrement important lorsque vous passez au travers d’un mauvais moment ou lorsque vous n’aimez pas un aspect de vous-même. N’ignorez pas votre douleur. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour prendre soin de vous et vous réconforter. Soyez indulgent et compréhensif face à ce que vous vivez. Ne vous critiquez pas. Être compatissant envers vous-même peut vous aider à réduire votre stress et votre anxiété, et à vous sentir moins seul. Pour de plus amples renseignements sur ce sujet, y compris des exercices et des méditations guidées, cliquez sur self-compassion.org.
  • Renseignez-vous sur les interventions. N’hésitez pas à envisager des interventions comme la chirurgie de reconstruction, des prothèses ou des procédures esthétiques si vous croyez qu’elles pourraient améliorer votre image corporelle. Par exemple, la chirurgie peut être utilisée pour réduire les cicatrices ou reconstruire les tissus qui ont été excisés. Certains patients se font même tatouer leurs cicatrices. Consultez votre équipe de soins au sujet des options disponibles.
  • Tenez un journal. L’écriture d’un journal peut être très efficace pour explorer vos pensées et vos sentiments. Si vous n’avez pas envie d’écrire beaucoup, vous pouvez tout simplement noter chaque jour les points à propos de ce que vous ressentez ou ce qui vous importune. Pour de plus amples renseignements à propos des avantages et des conseils sur la tenue d’un journal, consultez le blogue « The Power of Writing » en cliquant sur le lien www.cancer.net/blog/2014-06/power-writing.
  • Parlez-en et obtenez du soutien. Parler des changements que vous avez vécus pourrait vous aider, particulièrement si vous ressentez des sentiments négatifs envers votre corps. Ce sont des préoccupations courantes et réelles chez les patients qui se rétablissent d’un cancer, et essayer de les ignorer ou de réprimer ces sentiments peut vous empêcher d’aller de l’avant. Vous pourriez en parler avec une personne en qui vous avez confiance et avec qui vous êtes à l’aise, comme votre conjoint, un ami intime ou un psychologue. Votre équipe de soins peut vous recommander pour de la thérapie professionnelle si c’est ce que vous préférez. Plusieurs personnes aiment partager leurs sentiments avec d’autres personnes qui ont rencontré des difficultés similaires, et connaître comment elles les ont gérées. Il existe plusieurs options, que ce soit sur une base individuelle ou au sein d’un groupe d’entraide, en personne ou en ligne.

Ressources

Vous trouverez ci-dessous les ressources disponibles pour de l’information et du soutien en lien avec les préoccupations au sujet de l’image corporelle. Demandez à votre centre de cancérologie quelles sont les ressources disponibles dans votre secteur.

Section 5

La peur de la récidive

Imaginez avec moi que les pensées qui vous font peur sont comme les voix d’une radio. Elles peuvent être contrôlées en changeant le volume. Quand le volume est trop fort, le bruit (votre peur) est tellement bruyant que vous ne pouvez entendre ou penser à autre chose. Mais quand vous pouvez baisser le volume, aussi bas que vous pouvez encore entendre le bruit (votre peur) en arrière-plan, mais cela ne vous dérange plus tellement et vous pouvez vous concentrer sur autre chose * Traduit de : Holland, Jimmie, and Sheldon Lewis. The human side of cancer: Living with Hope, Coping with Uncertainty. New York: Quill, 2001, p. 194.

Qu’est-ce que la peur de la récidive ?

À la suite d’une expérience de cancer, il est parfaitement normal de craindre le retour du cancer. Cette peur est plus courante durant la première année qui suit la fin du traitement, et pour la plupart des personnes, elle se résorbe graduellement avec le temps. La peur de la récidive pourrait ne pas être constamment présente. Par exemple, certaines personnes se sentent plus anxieuses avant les rendez-vous médicaux ou lorsqu’elles atteignent un tournant comme l’anniversaire de leur diagnostic. L’anxiété peut également se manifester à l’improviste dans les moments importants de la vie d’une personne ou dans les vies des personnes qui sont proches d’elle comme lors de mariages ou d’anniversaires.

La peur de la récidive peut trouver sa source dans plusieurs inquiétudes différentes. C’est souvent lié à l’incertitude générale face à l’avenir et une préoccupation quant à l’efficacité du traitement. Plusieurs personnes s’inquiètent de ne pouvoir faire face à un autre diagnostic de cancer, et appréhendent l’idée de revivre l’expérience du traitement et la manière dont il a eu un effet sur leur corps, leur vie et leurs émotions.

Comment cette peur m’affecte-t-elle ?

La peur de la récidive peut vous empêcher de vous tourner vers l’avenir pour reprendre votre vie quotidienne. Elle peut vous empêcher de vous concentrer sur votre rétablissement, de jouir du moment présent et de faire des plans pour l’avenir. Certaines personnes rêvent de pouvoir retourner à la période de leur vie précédant le cancer alors qu’elles n’avaient pas à se préoccuper d’une situation qui mettait leur vie en danger. D’autres sont motivées à faire des changements de style de vie parce qu’elles ont peur que si elles ne le font pas elles auront une récidive. Ce comportement peut mener à beaucoup de stress et d’anxiété, puisque la maladie demeure au centre et qu’il ne s’agit pas d’un choix de vivre la meilleure et la plus saine vie possible.

Identifier la source de cette peur

Il est important de faire face à la peur de la récidive afin d’être en mesure de vous tourner vers l’avenir. Une première étape efficace est de comprendre d’où elle vient et ce qui la provoque. Lorsque vous comprendrez ce qui déclenche cette peur, vous serez capable de prendre les moyens pour la gérer.

La peur de la récidive peut être liée à des pensées ou des inquiétudes qui semblent maintenant prendre une grande place dans votre vie. Les inquiétudes mènent peut-être à des comportements augmentant votre anxiété comme de constamment être à la recherche de signes du cancer sur votre corps. Certaines sources courantes de la peur de la récidive sont décrites ci-dessous. Plus loin dans cette section vous trouverez des conseils et des stratégies pour vous aider à gérer cette peur.

L’anxiété liée à votre santé

Certaines personnes font face à l’anxiété et aux pensées qui les effraient en essayant ardemment de les éviter ou en prétendant qu’elles n’existent pas. Comme vous le savez probablement déjà, plus vous essayez de cesser de penser à quelque chose, plus vous avez tendance à y penser. Ceci peut mener à une augmentation de l’anxiété.

Éviter les actions ou les activités qui peuvent vous entrainer à penser à vos peurs ne vous aidera pas à la longue. Par exemple, une personne peut éviter de poser certaines questions à son médecin ou même ne pas se présenter à un rendez-vous médical pour ne pas avoir à envisager la possibilité de recevoir de mauvaises nouvelles. Mais parfois, de ne pas savoir peut empirer les choses et finir par augmenter l’anxiété.

Certaines personnes gèrent leur anxiété à propos de leur santé en cherchant constamment à être rassurées que tout aille bien. Elles peuvent voir plusieurs médecins différents pour obtenir plusieurs opinions, rechercher sans arrêt de l’information en ligne ou vérifier constamment leur corps à la recherche de signes de récidive. Bien qu’il soit sain d’être informé sur votre santé, il est important de reconnaître que vous vous y prenez d’une manière négative.

J’imagine qu’après le traitement mes attentes étaient que, une fois terminé, je serais retournée à la normale immédiatement, de retour à mon vieux ‘moi’. J’imagine que j’étais dans le déni, parce que tout le monde l’avait vu, et les infirmières me disaient qu’il était temps pour moi de réaliser ce que j’avais traversé. J’étais comme ‘Non, ça va. Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.’ Je veux dire, j’ai été forte tout au long des six mois, alors pourquoi j’aurais besoin de vous maintenant. J’ai toujours été très positive tout au long de mon traitement. J’imagine qu’ils m’ont vue comme une bombe à retardement et ils avaient raison. Quand je suis retournée au travail, j’ai peut-être duré deux semaines. Ensuite, j’ai dû admettre qu’il était temps pour moi de me détendre. Je suis restée à la maison pendant neuf mois, et quand je suis retournée au travail, la reprise était tellement mieux. Rebecca se rétablit d’un lymphome de Hodgkin, 32 ans

Le sentiment de perte de contrôle

Lorsque la personne est en traitement contre le cancer, elle est en grande partie dans un milieu structuré par le plan de traitement et contrôlé par les professionnels de la santé qui en prennent soin. En suivant le plan de traitement, le patient participe à ce contrôle. À la fin du traitement, lorsque toutes ces activités très détaillées se terminent, les personnes ressentent soudainement une perte de contrôle ou de structure dans leur vie, ce qui peut être très déstabilisant et stressant. Lorsque les gens parlent de leur rétablissement, ils mentionnent souvent le sentiment d’abandon et de solitude durant cette période. Il s’agit d’une réaction tout à fait normale durant la période de rétablissement. Ça peut représenter un défi et prendre un certain temps pour apprendre à gérer sa vie de nouveau – qui pourrait ne pas être la même qu’avant le traitement – et récupérer un sentiment d’ordre.

Imaginez une personne qui prend l’autobus dans une ville étrangère. Le chauffeur (le professionnel de la santé) sait exactement où la personne doit s’arrêter (intervention chirurgicale, chimiothérapie, radiothérapie), et à chaque arrêt il y a un expert qui prend la relève pour donner la direction. La ligne d’autobus se termine à l’arrêt appelé « la fin du traitement ». Lorsque la course est terminée, que se passe-t-il lorsqu’on laisse la personne explorer seule ? Ce ne serait pas inhabituel de demander : « Comment dois-je procéder seul à partir d’ici ? »

On ne s’attendait à rien de moi pendant le traitement et j’ai eu tous ces super soins, l’attention et l’amour, puis c’est fini. Je pensais que je devais être contente, j’avais terminé le traitement. Je pouvais alors planifier à nouveau ma vie normalement. Mais quand même, je pensais : ‘Oui, mais j’ai l’impression que l’hôpital me manque.’, et je me suis sentie stupide de le penser. Donc je pense qu’il serait important d’informer les patients quand ils finissent leur traitement que c’est un état d’esprit tout à fait normal. Suzanne se rétablit d’un cancer du sein et de l’utérus, 58 ans

Le sentiment d’incertitude

Personne ne planifie d’être atteint d’une maladie grave. Un diagnostic de cancer est la plupart du temps un événement imprévisible. Après le traitement, plusieurs personnes s’inquiètent de l’avenir. C’est normal puisqu’en général les êtres humains aiment un certain ordre et une certaine prévisibilité, mais il est aussi vrai que tout le monde fait face à l’incertitude tous les jours de leur vie. Nous ne pouvons contrôler complètement ce qui nous arrivera.

Certaines personnes ont l’habitude de beaucoup s’inquiéter du futur et de l’inconnu, c’est une façon d’essayer de se préparer à toute éventualité. En réalité, cependant, l’inquiétude excessive ou l’incapacité de faire face à l’incertitude peut causer de l’anxiété. Certaines personnes essaient aussi de retirer l’incertitude de leur vie en évitant les situations qui causent de l’anxiété ou en cherchant constamment à être rassurées par les autres. Bien qu’elles puissent croire qu’elles contrôlent l’incertitude de cette façon, elles continuent également de s’inquiéter. Tout confort qu’elles peuvent ressentir en ayant ce comportement ne dura pas longtemps.

Vous pouvez apprendre comment accepter l’incertitude en prenant les moyens pour gérer la peur de l’inconnu qui vous affecte et en prenant des décisions qui auront une influence positive sur votre vie.

Les grandes questions existentielles

Avoir un cancer et envisager la mort peut amener les gens à se poser des questions et les réponses ne sont pas faciles : Pourquoi moi ? Quel est le but de mon existence ? Qu’est-ce que je crois ? Qui suis-je maintenant ? Alors que le risque de la mort peut inspirer certaines personnes à changer leur vie et à se concentrer sur ce qui est vraiment important pour elles, il peut en mener d’autres à se sentir perdues. Certaines personnes l’ont décrit comme une sorte de déconnexion de leur corps, de leur identité, de leur spiritualité, et des personnes de leur entourage. Ce qu’elles ont toujours connu ou peut-être tenu pour acquis ne leur apporte plus de réconfort. Le rétablissement est un moment où vous pouvez penser à ce que vous avez vécu, où vous vous sentez maintenant et ce qui est important pour vous dans l’avenir.

Le temps est une partie importante du processus de guérison qui suit le traitement contre le cancer. Il faut du temps pour se reconnecter avec les priorités et les objectifs, pour trouver la meilleure manière de faire face à ce que vous avez vécu, et de vous tourner vers l’avenir. Chercher une raison d’être dans l’expérience du cancer peut vous offrir un certain réconfort. Vous pourriez explorer le but de la vie ou établir de nouvelles priorités et de nouveaux objectifs. En vous concentrant sur ce qui est vraiment important pour vous, vous pourrez mettre vos inquiétudes de côté.

Mesurer la peur de la récidive

La peur de la récidive est une anxiété typiquement liée à l’expérience du cancer et chaque personne la gère à sa façon. En général, la plupart des personnes ressentent cette anxiété plus souvent au cours de la première année de leur convalescence, particulièrement pendant la période précédant les rendez-vous médicaux. Pour d’autres, la peur de la récidive peut demeurer en elles pour une plus longue période. Il est important de se rappeler que la force de cette peur n’a aucun lien avec le risque de récidive. Les questions suivantes peuvent vous aider à mesurer votre sentiment de peur face à la récidive.

Votre peur est-elle excessive* ?

Votre peur est-elle excessive ?

Additionnez les nombres que vous avez encerclés pour chaque question. Si le total est 13 ou plus, vous pourriez vouloir parler avec un professionnel de la santé à propos de vos préoccupations.

* Reproduit de : Savard, Josée. Faire face au cancer : avec la pensée réaliste. Montréal: Flammarion Québec, 2010, p.99.

Gérer la peur de la récidive

Identifier les éléments déclencheurs

Prenez le temps de penser à ce qui provoque votre peur de la récidive. Certaines personnes la ressentent avant un rendez-vous médical ou un test, ou avant un événement personnel important, comme un anniversaire de naissance, un anniversaire ou le mariage d’un membre de la famille. Pensez aux moyens que vous avez pris dans le passé et qui vous ont aidé à réduire votre anxiété, et essayez de faire la même chose avant les situations qui provoquent votre peur de la récidive. Par exemple, si faire de l’exercice, regarder un film ou faire une marche près du bord de l’eau vous aide habituellement à vous calmer lorsque vous êtes stressé, ces moyens peuvent aussi vous aider à gérer votre peur.

Remettre la peur à sa place

Il est important de reconnaître qu’il est normal d’avoir certaines préoccupations au sujet de sa santé et qu’elles sont même utiles à certains moments. Elles peuvent vous motiver à faire des choix positifs à propos de votre santé et de votre bien-être global. Par exemple, certaines personnes décident de se joindre à un club de marche, incluent plus de fruits et de légumes dans leur régime alimentaire, renouvèlent une relation avec un membre de la famille ou discutent avec leur employeur d’une modification de leurs responsabilités. Avoir une bonne compréhension de ce qu’impliquent vos soins de suivi et discuter de vos préoccupations avec votre équipe de soins peuvent aussi être profitable. Elle peut souvent vous aider à identifier d’où vient cette peur, discuter de sa réalité (ou non) et vous informer des comportements et des changements de style de vie qui pourraient vous aider à réduire le risque de récidive; ce qui pourrait également vous aider à gérer votre peur.

Pour être en mesure de vous tourner vers l’avenir, vous devez regarder en avant et vous concentrer sur les choses que vous pouvez gérer. Cela vous permettra de reprendre le contrôle de votre vie et de garder la peur à sa place. Pour vous aider à vous concentrer sur ce que vous pouvez gérer et contrôler, faites des plans et prenez des moyens réalistes comme ceux de la liste suivante.

Cette semaine, je vais :

  • voir des amis;
  • essayer une nouvelle recette;
  • rencontrer un collègue de travail pour dîner;
  • rencontrer mon équipe de soins pour mon plan de suivi;
  • pratiquer des exercices de relaxation.

Prendre soin de sa santé

Vous inquiéter d’une chose sur laquelle vous n’avez aucun contrôle peut influencer vos émotions et votre vie quotidienne. Cependant, en prenant soin de votre corps et en vous concentrant sur votre santé, vous pouvez contribuer à réduire vos peurs et développer un sentiment de bien-être.

Une saine alimentation et l’activité physique peuvent améliorer le bien-être global de toute personne – pour les personnes qui se rétablissent d’un traitement contre le cancer, ces activités peuvent aussi leur donner un sentiment de contrôle important sur leur corps. Vous rétablir et vous maintenir en santé peut concourir à reconnaitre la différence entre les douleurs et les maux normaux et les symptômes possiblement liés au cancer, et peut vous aider aussi à réduire vos peurs. Pour de plus amples renseignements au sujet d’un mode de vie sain, consultez le Chapitre 4 : Se rétablir physiquement. Pour de plus amples renseignements sur les effets secondaires et leurs symptômes, consultez le Chapitre 2 : À quoi s’attendre après le traitement.

Exercices de relaxation

La réduction du stress prend une part importante dans le maintien de votre santé. Les exercices de relaxations sont une façon de vous aider à gérer votre stress et vos inquiétudes. Ils peuvent nécessiter de la pratique lorsque vous n’êtes pas habitués à en faire régulièrement, mais vous devriez en ressentir les avantages assez rapidement. Essayez de les pratiquer dans un endroit calme et où vous vous sentez à l’aise. L’exemple suivant est un exercice de relaxation appelé « balayage corporel » :

1. Choisissez un endroit confortable où vous pouvez vous reposer pendant au moins 20 minutes. Placez une note sur la porte ou informez les personnes autour de vous que vous avez besoin de ce temps et de cet espace pour vous détendre afin qu’ils ne vous dérangent pas. La pièce doit être un endroit où vous croyez facilement pouvoir vous détendre. Assurez-vous que la luminosité n’est pas trop élevée et que vous serez confortable durant 20 minutes sur la chaise, le sofa ou le matelas.

2. Assoyez-vous ou étendez-vous, selon votre préférence. Desserrez vos vêtements et fermez les yeux.

3. Commencez par vous concentrer sur votre respiration. Soyez conscient de votre inspiration et de votre expiration. Laissez aller et venir vos pensées et continuez à respirer.

4. Continuez à prendre conscience de votre respiration et relâchez la tension de vos muscles, un à la fois. Commencez par votre visage (le front, les yeux, les lèvres, la mâchoire et le cou), et continuez à descendre votre corps : les épaules, la poitrine, le ventre, le bas du dos, les fesses, les cuisses, les mollets et les pieds.

5. Concentrez-vous sur chaque muscle jusqu’à ce que vous ressentiez que les parties de votre corps sont lourdes et chaudes. Répétez « mes jambes sont lourdes et chaudes » jusqu’à ce que vous le ressentiez. Continuez pour le reste de votre corps jusqu’à ce que vous vous sentiez détendu.

Les outils de relaxation :

Rester informé

Vous tenir informé de votre santé peut vous permettre de vous regarder et de regarder votre avenir de manière plus réaliste. En sachant ce que vous pouvez faire pour votre santé et en étant impliqué dans vos soins de suivi, vous pouvez développer un sentiment de contrôle.

De plus en plus d’éléments tendent à démontrer qu’un mode de vie positif est bénéfique pour la survie en général. Parmi ceux-ci on retrouve une saine alimentation, l’exercice, limiter l’alcool et cesser les comportements malsains comme le tabagisme ou l’exposition excessive au soleil sans crème solaire. Votre équipe de soins peut vous aider à contrôler les autres risques comme la génétique (risques héréditaires), l’historique familial, l’âge au moment du traitement, le type de cancer primaire et le type de traitement. Parlez de vos risques possibles avec votre équipe de soins et développez avec elle un plan de soins qui vous convient.

La peur de la récidive est une réponse tout à fait normale pour une personne qui est en rétablissement. Discutez de votre plan de suivi avec votre oncologue, savoir quand et pourquoi vous le verrez, et comprendre quel examen sera fait peut aider à diminuer vos peurs. Être informé vous aidera à comprendre que tous les maux et les douleurs ne sont pas un signe de récidive. Si vous êtes inquiet ou préoccupé par une douleur ou un symptôme persistant, prenez un rendez-vous avec votre oncologue qui vous rassurera ou investiguera si nécessaire. C’est la raison pour laquelle nous sommes là. Dr. Joan Zidulka, oncologue

Apprendre à vivre dans l’incertitude

Essayer de contrôle l’incertitude est non seulement impossible, ceci peut également nuire à votre santé physique et votre bien-être émotionnel. Il existe des stratégies qui peuvent vous aider à augmenter votre capacité de tolérance (vivre avec) l’incertitude.

Stratégie 1 : Mettez au défi votre besoin de certitude.

  • Demandez-vous s’il est réellement nécessaire d’être certain de tout. Quand est-ce réellement important ?
  • Dressez une liste des choses dont vous aimez être certain et les autres pour lesquelles l’incertitude est acceptable.
  • Demandez-vous si vous prédisez que de mauvais incidents se produiront lorsque vous êtes incertain de quelque chose. Ensuite, demandez-vous s’il est plutôt possible qu’une bonne chose se produise.
  • Demandez aux personnes que vous connaissez et en qui vous avez confiance comment elles font face à l’incertitude. Chaque personne gère ce problème différemment et vous pourriez être en mesure d’obtenir des conseils utiles.

Stratégie 2 : Lorsque vous vous inquiétez à propos d’un événement qui peut se produire ou non dans le futur, vous ne vivez pas dans le moment présent et ne profitez pas de votre vie au maximum. Vivre dans le moment présent peut aussi vous aider à réduire le sentiment d’incertitude. Vivre dans le moment présent peut vous aider à accepter le passé et réaliser que vous ne pouvez contrôler l’avenir.

  • Soyez conscient de votre sentiment d’incertitude. Lorsque vous réalisez que vous ressentez un de ces sentiments – par exemple, vous lisez un article de journal à propos du cancer et cela vous fait penser : « Et si mon traitement n’a pas fonctionné ? » - essayez de vous assoir calmement avec ce sentiment pour quelques instants et ne rien faire avec ou à propos de ce sentiment. Acceptez seulement qu’il soit là.
  • Prenez la décision de laisser aller tout désir de vous en départir immédiatement, ou de poser un geste à propos du sentiment d’incertitude. Cela aide parfois de se dire : « Je laisse aller ce sentiment d’incertitude. »
  • Concentrez-vous sur le moment présent. Pour vous aider, regardez autour de vous et prenez note de ce que vous voyez, écoutez les bruits, prenez note de votre respiration, sentez vos pieds sur le sol, le dos du fauteuil qui vous soutient, etc.
  • Ramenez-vous lentement dans le présent lorsque vous trouvez que votre esprit vagabonde vers des pensées d’incertitude.
  • Essayez les conseils ci-dessus avec les exercices de relaxation décrits dans : « Prendre soin de votre santé » plus haut dans cette section.

Vous pouvez essayer une stratégie ou une combinaison des deux pour voir ce qui fonctionne pour vous. Ces stratégies sont comme des exercices : plus vous les pratiquez, plus vous vous améliorez.

La possibilité d’avoir de nouveau un cancer est quelque chose qui reste toujours dans le subconscient. C’est normal. Je ne dirais pas que je suis devenu hypocondriaque, mais quand je ressens une douleur, je pense : ‘Oups ! Qu’est-ce que j’ai fait hier ? Ah oui ! J’ai poussé la brouette qui était pleine de débris. Ok, c’est pour ça que j’ai mal.’ On est plus attentif à notre corps maintenant; mais mon dernier scanner était tout bon et ça m’a rassuré. Et notre philosophie a un peu changé aussi. Bien sûr, on fait toujours des plans, mais la vie ne s’arrête pas pour nous. La terre continue de tourner, alors on doit vivre nos vies dans le moment présent. Aujourd’hui c’est aujourd’hui, et demain on verra. Charles se rétablit d’un cancer des poumons, 67 ans

Une chose qui est difficile pour la plupart des personnes c’est de tolérer l’incertitude. En tant qu’humains, nous avons comme un genre de besoin automatique de contrôler les choses. Nous voulons que nos vies soient aussi prévisibles que possible. Malheureusement, la vie ne fonctionne pas toujours de cette manière. Beaucoup de choses dans la vie sont imprévisibles et peuvent causer de l’anxiété. Il est impossible, peu importe la manière dont on essaie, d’effacer l’incertitude de la vie. Tolérer l’incertitude c’est, en fait, une manière de faire face à l’anxiété et à ses peurs. Dr. Marc Hamel, psychologue

Exprimez-vous – sachez quand vous avez besoin d’aide

Parler de vos peurs avec une personne en qui vous avez confiance peut vous aider à les clarifier. Si vous ne croyez pas être à l’aise d’en parler avec la famille ou les amis, parlez-en avec un membre de votre équipe de soins. Vous pourriez considérer demander une référence à un thérapeute, comme un psychologue ayant de l’expérience avec les patients atteints de cancer. Les groupes d’entraide, où vous pouvez partager vos pensées avec des personnes qui ont vécu des expériences similaires, peuvent aussi être une option intéressante. Pour de plus amples renseignements au sujet des groupes de soutien, consultez le Chapitre 3 : Émotion, peurs et relations / Section 7 : La guérison avec le temps et le soutien.

Si vous n’êtes pas à l’aise de parler de vos sentiments avec une autre personne, vous pouvez vous exprimer d’une autre façon en notant vos pensées dans un journal. Relire ce que vous avez écrit peut vous aider à mieux comprendre vos peurs.

J’ai une amie qui a fini son traitement un an avant moi. Je lui parlais et je la voyais. Je la sentais bien avec ses cheveux qui avaient repoussé, de retour au travail et avec ses enfants; ça m’a vraiment inspirée et aidée. Alors, avoir du soutien de la part des pairs, et parler aux personnes à propos de ces petites choses qui vous font penser que vous êtes bizarre, comme ‘Est-ce que j’imagine ça ? Est-ce que je suis folle ?’. Non, tout le monde pense comme cela, ça va. Vous n’êtes pas bizarre. Amelia se rétablit d’un cancer du sein

Certaines personnes font appel à des activités créatives ou spirituelles pour calmer leurs peurs. La créativité peut être une façon d’exprimer les émotions dont il est difficile de parler. Voici une liste d’idées pour des activités créatives et spirituelles à explorer :

  • La musique – chanter, jouer un instrument;
  • L’écriture – la poésie, les histoires pour enfants, un journal;
  • La cuisine – les classes, le partage de recettes, l’organisation d’un diner thématique;
  • L’art – le dessin, la peinture, la poterie, les arrangements floraux;
  • La spiritualité – consulter un conseiller spirituel, le yoga, la méditation, le taïchi.

Les thérapies complémentaires peuvent aussi être une manière intéressante d’explorer vos émotions puisqu’elles se concentrent sur le bien-être de la pensée, du corps et de l’esprit. Il existe plusieurs types de thérapies complémentaires à explorer comme la méditation, la réflexologie, l’aromathérapie, la thérapie par l’art, le reiki, le toucher thérapeutique et la massothérapie. Pour de plus amples renseignements au sujet de thérapies complémentaires et la façon dont elles peuvent vous aider, veuillez consulter le site de la Société canadienne du cancer « Thérapies complémentaires » en cliquant sur : www.cancer.ca/fr-ca/cancer-information/diagnosis-and-treatment/complementary-therapies/?region=qc. Vous trouverez les ressources communautaires pour les thérapies complémentaires au Chapitre 2 : À quoi s’attendre après le traitement / Section 7 : Les programmes pour vous aider à aller de l’avant.

Conseils pratiques

  • Prenez les moyens d’affronter votre peur. Prenez conscience de l’apparition de vos peurs et ne vous en préoccupez pas pour un moment au lieu de dépenser de l’énergie à essayer de les enrayer.
  • Faites des choix de vie basés sur des actions positives qui vous aideront. Par exemple, vous pourriez penser à des activités que vous aimez et décider de commencer à les pratiquer sur une base régulière.
  • Défiez vos peurs en y pensant avec un certain recul. Par exemple, pensez à la façon dont vous réagiriez si un ami vous informait qu’il a cette peur.
  • Pratiquez l’acceptation et vivez dans le moment présent.
  • Soyez conscient que votre anxiété pourrait augmenter dans certaines situations, par exemple avant les rendez-vous médicaux ou les tests ou encore l’anniversaire de votre diagnostic, etc.
  • Concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler. Travaillez à l’atteinte d’un style de vie sain et équilibré.
  • Ne restez pas seul avec votre inquiétude. Parlez de vos peurs à une personne en qui vous avez confiance. Obtenez du soutien de votre famille, vos amis, votre équipe de soins ou des groupes d’entraide.
  • Participez à vos soins de suivi. Surveillez vos soins et restez informé. La connaissance apporte le pouvoir.
  • Accordez-vous un peu de répit. Vous n’avez pas besoin de tout faire d’un seul coup.
  • Partagez l’information que vous avez trouvée avec votre équipe de soins et demandez leur opinion.

Lorsque vous aurez essayé ces conseils, remplissez le questionnaire pour mesurer la peur de la récidive contenu dans cette section. Refaites-le même si vous l’avez déjà rempli. Si le résultat est (encore) 13 ou plus, pensez à consulter un professionnel.

Section 6

Réflexion sur les relations

Avec soi-même

De nombreuses personnes ayant reçu un traitement contre le cancer sont d’accord pour dire que cette expérience a apporté des changements dans leur vie et souvent de nouvelles priorités pour l’avenir. C’est une des raisons pour lesquelles le temps qui suit la fin du traitement est souvent appelé la « nouvelle normalité ». Mais beaucoup de gens ayant terminé leur traitement pensent qu’ils devraient redevenir leur « ancien moi ». Parfois, ces personnes ressentent également cette attente de la part des personnes qui font partie de leur vie. Votre partenaire, votre famille, vos amis et vos collègues de travail pourraient vouloir que la vie reprenne son cours comme – ce qui était considéré comme normal – avant votre diagnostic. Ils pourraient s’attendre à ce que vous soyez comme avant et que vous jouiez le même rôle dans leurs vies. Vous ne vous sentez peut-être pas prêt ou vous croyez que ce n’est tout simplement pas possible.

Le rétablissement peut être un temps pour réfléchir à votre relation avec vous-même, et qui vous êtes. Vous pourriez vouloir songer à ce que vous ressentez par rapport à vous-même maintenant, et à la manière dont ces sentiments diffèrent d’avant votre diagnostic de cancer. Vous pourriez vous demander comment cette expérience vous a changé et ce que vous pouvez raisonnablement attendre de vous-même maintenant. En trouvant les réponses à ces questions, vous pourriez être en mesure de graduellement adapter ces sentiments et cette manière de penser à la façon dont vous vivez votre vie maintenant.

Pendant ce temps, il est important d’éviter de faire des comparaisons avec ce que vous étiez avant ou avec les autres personnes qui ont reçu un traitement. Lorsque les gens font des comparaisons, ils se situent souvent dans une meilleure ou une pire situation que l’autre personne, ce qui n’aide pas. Chacun vit sa propre expérience. Essayez aussi d’éviter de comparer ce que vous ressentez à ce que vous croyez devoir ressentir physiquement ou émotionnellement. Au lieu de vous mettre de la pression à être d’une certaine façon ou d’être comme avant le cancer, vous pourriez considérer le rétablissement comme un temps pour avancer vers votre nouveau soi.

Voici quelques moyens pour apprendre à vous connaître maintenant et créer votre « nouvelle normalité » :

  • Acceptez vos sentiments et vos émotions. Toutes les émotions, bonnes ou mauvaises, vous appartiennent et elles sont normales.
  • Acceptez les changements que vous avez subis et donnez-vous le temps de vous y adapter.
  • Acceptez le fait que vous ne pouvez tout contrôler. Concentrez-vous et travaillez sur les aspects que vous contrôlez.
  • Diminuez le stress. Soyez indulgent envers vous-même. Essayez d’inclure la relaxation et des activités réductrices de stress dans votre horaire. Pour de plus amples renseignements, consultez le Chapitre 4 : Se rétablir physiquement.
  • Planifiez du temps pour vous. Pensez à ce qui vous apporte du plaisir et du bonheur et essayez de jouir de ces activités régulièrement.
  • Essayez une nouvelle activité. Qu’avez-vous toujours eu le désir de faire sans jamais en avoir le temps ? Peut-être que maintenant serait un bon moment pour explorer cette activité ?

Développer la capacité d’incorporer les changements que vous traversez est un pas vers le rétablissement. Une fois que vous êtes capable de faire le lien et d’intégrer ces changements, des modes d’expression et des choix alternatifs se présenteront et alimenteront votre développement personnel. Il est possible d’embrasser ces changements et d’affirmer votre humanité à travers un acte d’acceptation de soi. Rosana Faria, psychologue

C’est quoi au juste le normal ? Normal pour moi est un point de référence. Ça dépend. Ce qui est normal pour vous ne l’est aucunement pour moi. José se rétablit d’un lymphome folliculaire, 51 ans

Avec votre conjoint

Vous pouvez ressentir que votre relation avec votre conjoint ou votre conjointe est plus forte que jamais maintenant. Ou il est possible que les défis du traitement aient mené à des difficultés de communication entre vous. Votre relation avec votre conjoint ou votre conjointe peut également se modifier pendant votre rétablissement. Ces changements peuvent s’ajouter à tout autre changement que vous avez vécu dans vos relations pendant le traitement. Par exemple, votre vision ou votre attitude face à la vie est peut-être différente maintenant et vous ne savez pas comment l’exprimer à votre conjoint ou conjointe. Celui-ci ou celle-ci aimerait peut-être revenir à votre routine régulière de couple, mais vous ne vous sentez pas prêt ou prête.

Il peut être profitable de maintenir la communication durant cette période puisque vous explorez tous les deux les émotions que vous ressentez. Essayez d’identifier le type de soutien dont vous avez besoin l’un de l’autre et discutez de ces besoins. Il est normal pour un couple de ne pouvoir toujours répondre à tous les besoins émotionnels de l’autre. Lorsque c’est le cas, les amis, les autres membres de la famille, les conseillers ou les conseillers spirituels pourraient peut-être apporter leur soutien. Certains couples peuvent aussi avoir besoin de temps pour se concentrer sur leur vie intime et renouer. Pour de plus amples renseignements, consultez le Chapitre 2 : À quoi s’attendre après le traitement / Section 2 : Quels sont les effets secondaires possibles ? / Titre : Les changements liés à la sexualité et à l’intimité.

Il est important de vous rappeler que l’expérience du cancer vous a affecté tous les deux. Vous aurez besoin de temps pour renouer puisque vous avancez graduellement tous les deux vers une « nouvelle normalité ». Si vous croyez que votre conjoint ou conjointe pourrait bénéficier de soutien pendant cette période, le Chapitre 6 : Le soutien des proches aidants, pourrait être utile. En plus de la thérapie individuelle, le thérapeute de votre équipe de soins en cancérologie offre aussi du soutien pour les couples. Pour d’autres soutiens psychologiques, consultez aussi le Chapitre 3 : Émotions, peurs et relations / Section 7 : La guérison avec le temps et le soutien.

Des sujets dont vous voudriez peut-être discuter avec votre conjoint ou conjointe :

  • Comment vos rôles et vos responsabilités peuvent changer durant le rétablissement.
  • De quel type de soutien avez-vous besoin pour vous aider pendant la phase de rétablissement de votre expérience du cancer ?
  • Ce que votre conjoint ou conjointe a besoin de faire pour vous aider pendant le rétablissement.
  • Comment préserver la qualité de votre relation et possiblement raviver l’intimité ?

Avec votre famille

Les membres de la famille vivent également une période de convalescence et ils ont souvent besoin de temps pour comprendre l’expérience qu’ils ont vécue avec vous. Certains d’entre eux peuvent continuer à s’inquiéter de votre santé et peuvent ne pas vouloir que vous retourniez à vos responsabilités quotidiennes, même si vous vous sentez prêt. D’autres peuvent désirer un retour à la façon dont les choses étaient avant le traitement. Parfois, les membres de la famille ne savent pas quoi faire ou ne veulent pas exprimer leurs sentiments par souci de votre bien-être émotionnel.

Établir le rôle de chacun dans la famille pourrait exiger une série de discussions et de compromis. Une bonne communication – des émotions, des sentiments et des attentes – est importante à ce moment. Certaines familles pourraient bénéficier du soutien d’un thérapeute familial, particulièrement si les relations étaient difficiles avant le traitement. Les parents ressentent souvent le besoin de protéger leurs enfants, mais discuter ouvertement avec eux d’une façon appropriée à leur âge peut aussi les aider à se rétablir de l’expérience du cancer. Pour de plus amples renseignements sur la manière de parler à vos enfants, consultez le Chapitre 6 : Le soutien des proches aidants / Section 1 : Êtes-vous un proche aidant ? / Titre : Parler du cancer à vos enfants.

Avec vos amis

Les personnes ayant reçu un traitement parlent souvent des amis qui furent présents pour elles durant cette période difficile, ainsi que de ceux qui selon elles les ont laissé tomber. Les personnes réagissent différemment face à la maladie. Certaines seront extrêmement soutenantes alors que d’autres sont mal à l’aise ou préfèrent l’éviter totalement. Pendant la convalescence, les amis peuvent aussi être incertains de ce qu’ils peuvent faire pour vous ou s’attendre que vous retourniez à la vie normale et à l’amitié que vous aviez avant le diagnostic. Cela peut représenter un défi si vous sentez être une personne différente maintenant ou si vous gérez des effets secondaires émotionnels ou physiques dont vous avez besoin de parler avec votre entourage. Si vous croyez que vos amis ne comprennent pas les défis de votre rétablissement, ce serait profitable d’en parler avec d’autres personnes qui vivent la même expérience. Pour de l’information sur les groupes d’entraide et les services de soutien, consultez le Chapitre 3 : Émotions, peurs et relations / Section 7 : La guérison avec le temps et le soutien.

Il est certainement difficile de perdre des amis, mais la maladie peut aussi vous permettre de décider quelles relations vous désirez prendre soin et celles qu’il serait préférable de laisser aller. Il est peut-être préférable de passer du temps avec les personnes qui vous apportent une énergie émotionnelle positive plutôt qu’avec celles qui grugent votre énergie. Vous appréciez peut-être davantage maintenant les amis de longue date, ou les nouvelles amitiés acquises pendant votre expérience du cancer peuvent vous offrir du soutien pendant votre rétablissement. Il est peut-être temps de prendre soin de ces relations.

C’est le moment où l’on réalise qui sont nos vrais amis quand on est malade. Parce que quand tu vas bien, ils profitent de toi. Quand tu es malade, tu ne les vois pas. Toutes ces personnes négatives, je n’en peux plus. Diana se rétablit d’un cancer colorectal, 58 ans

Rencontres et socialisation

La façon dont vous percevez les relations romantiques peut aussi être changée à cause du traitement contre le cancer et la gestion de tous les changements que celui-ci a apportés dans votre vie. Les changements physiques et les effets secondaires peuvent ajouter des défis supplémentaires aux rencontres sociales. Vous vous demandez peut-être comment et quand aborder ces sujets avec les nouvelles personnes dans votre vie. Pour certaines personnes, la peur du rejet les empêche de participer à une vie sociale même si elles reçoivent les encouragements de la famille et des amis. Si cela vous inquiète, la section 4 de ce chapitre intitulée « Les préoccupations liées à l’image corporelle » pourrait vous aider.

Reprenez votre vie sociale par petites étapes. Premièrement, concentrez-vous sur vos intérêts. Par exemple, joignez-vous à un club ou suivez un cours dans un domaine qui vous intéresse. Par la même occasion, vous rencontrerez des gens qui ont les mêmes intérêts que vous.

Essayez de ne pas utiliser le cancer comme excuse pour éviter les activités sociales. Lorsque vous rencontrez une personne et que vous commencez à sortir ensemble, attendez d’être assez à l’aise avec elle pour aborder le sujet. Vous voulez également être préparé aux différentes réactions.

Démystification : Le cancer n’est pas contagieux et il n’y a pas de risque de le transmettre. Les relations sexuelles n’augmentent pas le risque de récidive !

Conseils pratiques

Prendre soin des relations avec la famille et les amis :

  • Soulevez directement le sujet de votre expérience du cancer ou suggérez de parler d’autres sujets. Si les amis ou les membres de la famille ne savent pas quoi vous dire, dites-leur qu’ils peuvent vous poser des questions au sujet de votre expérience. Ou vous pouvez leur dire que vous préférez parler de ce qui se passe dans leur vie.
  • Dites oui aux offres d’aide. Les bons amis et les membres de la famille aiment se sentir utiles. Acceptez leurs offres ou suggérez des façons dont ils peuvent vous soutenir.
  • Décidez comment vous voulez expliquer votre expérience et ce que vous êtes à l’aise de dire. Vos amis et vous serez ainsi plus à l’aise pendant les conversations.
  • Informez la famille et les amis de votre désir d’être invité aux activités sociales ou aux événements familiaux. Ils pourraient hésiter à vous inviter s’ils savent que vous ne vous sentez pas bien.

Section 7

La guérison avec le temps et le soutien

Il est important de savoir que pour la plupart des gens, les difficultés émotionnelles causées par l’expérience du cancer diminuent habituellement avec le temps. Soyez patient et indulgent envers vous-même. Donnez-vous tout le temps dont vous avez besoin pour guérir. Souvenez-vous de ce qui suit :

  • Concentrez-vous sur les choses que vous pouvez contrôler.
  • Diminuez l’anxiété. Passez du temps avec les amis, la famille, et pratiquez vos activités préférées au rythme qui vous convient.
  • Obtenez du soutien. Vous n’avez pas à y faire face seul. Le soutien peut faire une différence pour votre rétablissement et vous donner le temps dont vous avez besoin pour résoudre les difficultés.

Pour de plus amples renseignements sur la gestion des émotions, consultez www.cancer.net/coping-with-cancer/managing-emotions.

Les groupes d’entraide

Vous joindre à un groupe d’entraide ou recevoir du soutien d’un pair (une personne ayant vécu une expérience similaire) peut vous aider à mieux comprendre et affronter vos peurs et vos défis. Côtoyer des personnes qui ont vécu une expérience similaire à la vôtre peut vous apporter du réconfort. Discuter de vos sentiments avec d’autres personnes qui pourraient vous offrir des conseils pratiques pour maitriser votre peur de la récidive et bien vous rétablir pourrait aussi vous être utile. Vous pouvez aussi aider d’autres personnes en partageant votre expérience.

Comment trouver le bon groupe d’entraide

Il existe différents types de groupes d’entraide dans la communauté. Comme nous sommes tous différents, n’hésitez pas à les essayer jusqu’à ce que vous trouviez celui qui vous convient le mieux. Vous préférez peut-être parler à une personne individuellement (soutien d’un pair). Le soutien par les pairs est aussi offert dans les organismes communautaires. Vous trouverez ci-dessous un échantillonnage des groupes d’entraide et de soutien par les pairs offerts dans l'ensemble et dans certaines provinces. Utilisez-le comme guide pour trouver de l’information additionnelle ou de l’information dans un secteur particulier.

  • Société canadienne du cancer : www.cancer.ca/fr-ca/support-and-services/support-services/how-we-can-help/?region=on. Offre des groupes d’entraide mensuels présentés par un professionnel de la santé et un bénévole qualifié. Il offre de l’information à propos des types de groupes d’entraide qui sont offerts dans votre secteur.
  • La communauté en ligne de la Société canadienne du cancer : parlonscancer.ca/home. Les membres de la communauté peuvent participer à des discussions et des blogues, joindre des groupes et échanger des messages.
  • Cancer Chat Canada : www.cancerchatcanada.ca. Offre des groupes d’entraide en ligne animés par des professionnels pour les personnes affectées par le cancer, y compris les patients, les survivants et les membres de la famille.

Québec/Montréal

  • CanSupport des Cèdres (CUSM) : www.cansupport.ca. Ce groupe de soutien s’adresse aux personnes qui ont terminé leur traitement actif (chimiothérapie, radiothérapie et/ou chirurgie). Les thèmes courants comprennent l’adaptation au changement de vie, répondent aux préoccupations sur l’identité et l’estime de soi, et gèrent les émotions souvent difficiles à contenir et la peur de la récidive.
  • Groupe de soutien du cancer de la prostate : soutienprostatechum.org/actualites. Il s’agit d’un groupe d’entraide pour les hommes qui vivent avec un cancer de la prostate qui se rencontre mensuellement, habituellement animé par un survivant du cancer de la prostate.
  • L’espoir c’est la vie : lespoircestlavie.ca/soutien-par-les-pairs. Offre un groupe d’entraide qui suit la fin des traitements et peut organiser du soutien individuel d’un pair.
  • Fondation québécoise du cancer – Jumelage téléphonique : fqc.qc.ca/fr/besoin-d-aide/soutien-psychologique/jumelage-telephonique . Offre du soutien et de l’information. Le personnel peut organiser du soutien avec un pair, répondre aux questions et vous recommander aux ressources de votre secteur.
  • Le Centre de bien-être de l’Ouest-de-l’Île pour personnes atteintes de cancer : wicwc.com/fr. Offre des groupes d’entraide, de la thérapie privée et une variété de thérapies complémentaires.

Ontario/Toronto

  • Wellspring : wellspring.ca/online-programs. Il s’agit d’un réseau de soutien dans la communauté pour les personnes atteintes de cancer et qui possède des emplacements dans tout le Canada. Il offre des groupes d’entraide spécifiques aux différents types de cancers. (Également offert à Calgary, Edmonton, en Nouvelle-Écosse et à l’l’Île-du-Prince-Édouard)
  • Cancer Chat Canada - de Souza Institute : cancerchat.desouzainstitute.com/calendar. Organise des sessions de groupe sur des sujets particuliers, y compris le traitement, la période qui suit la fin du traitement et les problèmes d’image corporelle.
  • Heart Place Cancer Support Centre : hearthplace.org/adult-programs/support-groups. Organise une variété de groupes d’entraide selon le type de cancer, le sexe, et là où vous en êtes rendu dans votre expérience du cancer.
  • Gilda’s Club : gildasclubtoronto.org/course-category. Offre des groupes d’entraide en sessions de 8 semaines pour adultes et enfants, animés par des professionnels de la santé mentale.
  • Prostate Cancer Support : pcstoronto.ca/peer-support-2. Organise des groupes d’entraide pour les hommes qui ont été traités contre un cancer de la prostate.

Alberta/Calgary

Colombie-Britannique/Vancouver

Consultation avec un professionnel

Si vous trouvez que la peur de la récidive nuit à votre rétablissement, parlez-en à votre équipe de soins de santé. La plupart des centres de cancérologie dans les hôpitaux offrent des services psychosociaux. Vous pouvez consulter un psychologue ou profiter d’un programme tel que ceux énumérés ci-dessous dans certaines provinces. Utilisez cette liste comme un guide pour trouver plus d’information ou des services dans votre secteur.

Québec/Montréal

Ontario/Toronto

Alberta/Calgary

Colombie-Britannique/Vancouver

Les services privés

Vérifiez auprès de votre assureur quelle est votre couverture d’assurances pour les services privés s’ils ne sont pas couverts par votre plan provincial.

Québec/Montréal

  • Ordre des psychologues du Québec : www.ordrepsy.qc.ca. Offre de l’aide pour trouver un psychologue ou un psychothérapeute en pratique privée.
  • Centre de thérapie de Montréal : www.montrealtherapy.com/fr. Offre de la thérapie individuelle, de couple et familiale. Une échelle mobile des tarifs est offerte.
  • L’Institut Argyle : argyleinstitute.org/fr. Offre de la thérapie individuelle, de couple et familiale. Les tarifs sont établis en fonction des revenus du ménage.

Ontario/Toronto

  • L’Ordre des psychologues de l’Ontario : cpo.on.ca/fr. Fournit de l’information sur les psychologues de la province. Vous pouvez faire une recherche selon la spécialité.
  • CBT Associates : www.cbtassociates.com/coping-with-cancer. Fournit du soutien psychologique pour les problèmes de santé mentale et les inquiétudes aux personnes qui font face au cancer.
  • Toronto Psychology Clinic : torontopsychology.com. Offre de la thérapie individuelle et de couple à des taux variés.
  • Main St. Psychological Centre : www.mspc.ca/our-services. Cette clinique offre de la thérapie individuelle et de couple à des taux variés selon les spécialités de chaque thérapeute.

Alberta/Calgary

  • Psychologists’ Association of Alberta : psychologistsassociation.ab.ca. Peut vous aider à trouver un psychologue agréé dans votre secteur.
  • Refresh Counselling : refreshcounselling.ca. Offre de la thérapie individuelle, familiale et aux jeunes. Une échelle mobile des tarifs est offerte.
  • Alberta Counselling : albertacounselling.ca. Offre de la thérapie individuelle, familiale et aux jeunes.

Colombie-Britannique/Vancouver

Pour de plus amples renseignements sur les programmes, les services, les groupes d’entraide, le soutien psychologique et/ou la documentation éducative, consultez aussi la dernière section des chapitres 2, 4, 6 et 7.